Eric Péron, la rage de vaincre

1 janvier 2017

A 33 ans, Eric Péron fait partie de l’équipage Donfeng skippé par Charles Caudrelier qui vient de gagner la troisième étape de la Volvo Ocean Race. Après avoir frotté ses fonds de culotte sur divers dériveurs et flirté avec le très haut niveau de la compétition internationale, le marin breton se lance désormais avec succès dans l’aventure de la course au large.

Depuis l’âge de sept ans, Eric Péron passe le plus clair de son temps en mer. Né en 1981, le marin breton a débuté comme beaucoup de futurs champions sur Optimist, puis est passé sur tous les types de voiliers, 470, 49er, J80, First class8, Mumm30… De ses débuts en dériveur, Eric a acquis de nombreuses qualités qui lui ont été ensuite indispensables en Figaro : la méticulosité, la rigueur, la ténacité, la patience, le courage, le respect. Installé depuis de nombreuses années dans le Finistère sud, il côtoie au centre de Port la Forêt, bon nombre de grands skippers, Michel Desjoyaux, Vincent Riou, Jérémy Bayou, Yann Elies, Armel Lecleach, Jean Luc Nélias, Nicolas Troussel et bien sûr Charles Caudrelier. Sa détermination, son sérieux, et son professionnalisme lui ont valu d’être d’abord encouragé puis reconnu par tous. Quatrième de la solitaire du Figaro en 2010, deuxième de l’AG2R en 2012, Eric Péron remporte la même année le tour de France à la Voile. C’est donc avec un bagage technique non négligeable, un mental d’acier et des qualités humaines indéniables, qu’Éric poursuit cette saison l’aventure de la course au large sur toutes les mers du globe dans le cadre d’une course transocéanique de premier plan.

Cultiver la différence!

C’est donc le 4 octobre à Alicante en Espagne, qu’Eric Peron a pris le départ de la Volvo Ocean Race, le prestigieux tour du monde en équipage. "Juste après ma Transat Ag2r en mai 2014, j'ai reçu un e-mail de Charles Caudrelier me demandant si je voulais faire un essai pendant la transatlantique d'entrainement du bateau entre Newport et Lorient. J'ai évidemment accepté avec enthousiasme : tous les marins rêvent de faire cette Volvo Ocean Race ! Avec le Vendée Globe, ce sont les deux plus grandes courses au large au monde" se souvient Eric Péron. Le marin, retenu pour être régleur et barreur est aussi en charge de l’électronique et de la performance globale du bateau. Incontestablement l’équipage franco-chinois du Donfeng n'a rien à voir avec les autres participants de la course. D'abord, parce que le projet est basé sur la formation des Chinois à la course au large. Ce qui impose d'embarquer des ressortissants de l'Empire du Milieu qui, il y a un an, n'avaient jamais passé une nuit en mer et navigué sur de telles machines. Ensuite, dans la manière dont Charles Caudrelier a composé son équipage, avec une domination de "Figaristes", ces skippers français habitués aux courses en solitaire sur des monotypes (bateaux tous identiques comme ceux de la Volvo Ocean Race). « En monotypie, il faut savoir tout faire, ne jamais lâcher ; c'est le bonhomme qui fait la différence. C'est probablement une des clefs de notre performance actuelle. Et puis, il nous faut transmettre nos connaissances à nos équipiers chinois pour qu'ils soient plus performants. Cette communication est extrêmement positive pour l'ambiance à bord qui est très bonne » explique Eric Peron (alias Rico pour les intimes).

Le bateau chinois Dongfeng Race Team, skippé par le Français Charles Caudrelier, a donc remporté mardi 27 janvier, à Sanya en Chine, la troisième étape de la Volvo Ocean Race.

Partis le 3 janvier d’Abou Dhabi (Emirats arabes unis), l’équipage franco-chinois a bouclé les 4 670 milles nautiques (environ 8 650 km) du parcours en 23 jours 13 heures et 31 minutes. La victoire de Dongfeng est historique, jamais un voilier chinois n’a remporté une épreuve de course au large en équipage, qui plus est à domicile. Aux termes de cette 3e étape de la Volvo Ocean Race, Eric Péron aura parcouru plus de 18 000 milles (33 400 km), soit plus des deux tiers d'un Vendée Globe (21600 /40 000 km) et passé plus de 70 jours en mer, soit quasiment la durée de l'épreuve (Macif, 78 jours en 2012).

Objectif Vendée Globe

Pourquoi cette comparaison ? Parce qu'au-delà de cette fantastique Volvo Ocean Race, le breton a la ferme ambition de s’engager dans cette épreuve en solitaire qui s'élancera des Sables d'Olonne le 16 novembre 2016. « j'ai créé Be One Team, un club d'entreprises, pour répondre au programme de mes courses océaniques. La Volvo n'était pas initialement au programme. J'ai cette énorme chance d'avoir été recruté pour y participer. Après ces 8 mois passés dans l'équipe Dongfeng (il en reste 5 autres), j'aurai accumulé une grosse partie de l'expérience que je n'avais pas pour affronter un Vendée Globe. Maintenant, je travaille avec mon équipe à terre à faire fonctionner ce réseau d'affaires et valider mon inscription. Toutes les entreprises y sont les bienvenues… ». Avec ce triomphe à Sanya, dans la troisième étape de la Volvo Ocean Race, l’équipage Dongfeng gagne encore en confiance et en cohésion. Et il y a fort à parier que le concentré de talents (Bidégorry, Escoffier, Rouxel, Bouttell et bien sûr Péron) réuni par Charles Caudrelier associé à la fraîcheur des équipiers chinois n’a pas dit son dernier mot. Un tremplin rêvé, pour qu’Éric Peron se signale auprès de sponsors potentiels, afin qu’il puisse aborder sereinement sa prochaine participation au Vendée Globe 2016.

Source : David RAYNAL pour Bretagne Info Nautisme - 09/02/2015

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