Bretagne Info Nautisme
© Yannick Le Gal / CRTB

Loïck Peyron, tout schuss vers les alizés

1 janvier 2017
En remplaçant au pied levé Armel Le Cleac’h, le skipper attitré du maxi-trimaran Banque Populaire, Loïck Peyron savait qu’il allait s’attaquer à l’un des plus grands défis de sa carrière. En 20 ans et six participations, le navigateur baulois n’a jamais pu accrocher la reine des transatlantiques à son impressionnant palmarès. Une infortune qu’il tente en ce moment même de corriger.

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Actuellement en tête de la classe Ultime, Loïck Peyron n’aurait jamais dû prendre le départ de la 10e édition de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe à la barre du maxi-trimaran Banque Populaire VII. Pendant l’été, Armel Le Cléac’h, son skipper attitré, s’était malencontreusement blessé à la main et avait dû, la mort dans l’âme, déclarer forfait. Dès lors, il était impératif pour le Team Banque Populaire, de trouver un skipper à la « démesure » du bateau. Des noms ont circulé, et assez rapidement la banque de la voile a choisi de confier son trimaran de 31m50 à Loïck Peyron, l’un des plus grands spécialistes mondiaux du multicoque océanique. Le skipper qui devait à l’origine disputer la course sur le mythique trimaran jaune de Mike Birch vainqueur de la première Route du Rhum en 1978, a donc décidé de relever le défi « le plus grand de sa carrière » admet-il. Il remplace au pied levé et sans réelle préparation, l’infortuné Armel Le Cleac’h. « La condition sine qua non pour que j’accepte ce nouveau challenge était que je puisse hisser la grand-voile et que mon électrocardiogramme soit positif. Je sais très bien que sur le temps des manœuvres, je serai forcément plus long. Et c’est quand même un problème parce que sur ces bateaux-là, dès que l’on veut larguer un ris, c’est une bonne demi-heure de boulot pendant laquelle je vais deux fois moins vite qu’un bateau qui est en train de naviguer ».

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Accrocher le Rhum au palmarès

Le choix de ce trublion magnifique n’est finalement pas surprenant de la part de Banque Populaire. Loïck Peyron a effectué sa toute première Route du Rhum en 1982 à bord du petit trimaran La Baule-Teletota. Il n’avait alors que 22 ans. Depuis, le parcours du Baulois a été exceptionnel avec une polyvalence et des succès remarquables sur tout type de supports : Trophée Jules Verne, circuit IMOCA et ORMA, Vendée Globe, trois fois vainqueur de l’OSTAR, Figaro, Mini Transat, Coupe de l’America
Pourtant, malgré 6 tentatives, et un magnifique palmarès, 4 tours du monde, 48 traversées atlantiques, il n’a jamais réussi à gagner la Route du Rhum. « Comme je l’ai déjà dit, la prépa physique n’a jamais été ma tasse de thé, alors que je sais que c’est primordial sur ce genre d’épreuve. De toute façon, je ne peux pas en quelques mois me transformer brutalement en bête de muscles, c’est impossible ! Mais il faut de l’énergie et ça j’en ai à revendre. Ce qui est primordial, c’est de surtout connaître ses points faibles pour ne pas trop puiser dans ses réserves » explique Loïck.

Pour la petite histoire, le maxi-trimaran Banque Populaire n’est autre que le voilier vainqueur de la dernière édition de la Route du Rhum. En 2010, Franck Cammas avait réussi l’exploit de mener ce multicoque géant de Saint-Malo à Pointe-à-Pitre en 9 jours, 3 heures et 14 minutes soit 16, 14 nœuds de moyenne.

Savoir anticiper

Une nouvelle fois, le navigateur prend les rênes d’un projet conçu et développé par d’autres avec pour mission de le porter aussi loin et aussi vite que possible. Cette année, le règlement de la Route du Rhum autorise les skippers de la classe Ultime à faire appel à un routeur, ce qui n’est pas le cas pour les monocoques 60 pieds de la classe Imoca. Tout comme sur le Trophée Jules Verne, c’est Marcel Van Triest, routeur du Team Banque populaire qui assure à distance le suivi de la course pour Loïck. « Pour cette course, je vais me mettre en veille 24h/24 avec des tranches de sommeil de 10 minutes comme Loïck. Sur une durée si courte en solo, j’ai une grande responsabilité. J’ai le droit de lui demander de faire un effort extraordinaire trois fois maximum, pas plus. Il me faudra savoir lui proposer au bon moment » souligne Marcel Van Triest. Lors des qualifications, les premières navigations à bord de son nouveau bateau ont paradoxalement rassuré Loïck. Le géant s’avère beaucoup plus sain et sécurisant que les trimarans de 60 pieds sur lesquels le skippeur s’était fait selon ses dires « beaucoup de cheveux blancs ». Depuis le départ de la course, tout semble résider dans l’anticipation, l’un des fondamentaux de la voile en solitaire et en multicoque. « L’idée est d’éviter coûte que coûte de se faire dépasser par la puissance de la machine. Hors de question d’affaler un gennaker dès que le vent rentre en puissance. C’est bien avant que le marin doit réduire la toile, afin de se retrouver en bonne situation dès que le changement de force et de direction du vent se manifeste » rappelle –t-il.
A bord du bateau détenteur du titre (ex Groupama 3), le septième essai de Loïck Peyron pourrait peut-être cette fois-ci être le bon…
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Source : journaliste David RAYNAL pour Bretagne Info Nautisme

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www.routedurhum.com


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